Jean-Claude Prêtre

Peintre

Danaé, 2016

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Invitation

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Jean-Claude Prêtre Danaé – couverture

Jean-Claude Prêtre Danaé

édité par La Bibliothèque des Arts, Lausanne

Danaé – troisième volet du triptyque «Ariane, Danaé, Suzanne» de Jean-Claude Prêtre initié en 1984 – donne leur pleine signification aux deux premiers «mouvements» de sa peinture qui ont fait l’objet d’expositions rétrospectives :
Suzanne, au Musée d’art moderne, Palais Liechtenstein de Vienne, en 1991
Ariane, à la Collégiale de Saint-Ursanne, en 1998

Des expositions accompagnées d’ouvrages édités par La Bibliothèque des Arts, Paris.

Principaux soutiens
MADAME FRANCE MAJOIE LE LOUS AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE DE SAN MARINO –
COMPTOIR IMMOBILIER SA GENÈVE – GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DU JURA –
DÉPARTEMENT DES AFFAIRES CULTURELLES DE LA VILLE DE GENÈVE – OMC

 

Souscription

Bulletin de commande


 

A propos de Suzanne et d’Ariane 

 

Toute la vérité sur Suzanne III, 1-21, 1990-1991

 

« Depuis son apparition, l’art moderne aspire tout autant à l’innovation (le renouvellement du langage des formes et des stratégies de structures signifiantes) qu’à la réinterprétation de la tradition (« la grande histoire collective de la communauté culturelle européenne »).

En présentant les variations de Jean-Claude Prêtre, le Musée d’art moderne de Vienne désire mettre un accent particulier sur cet aspect de l’art du XXe siècle. La référence initiale de ce cycle d’images est l’œuvre célèbre, énigmatique et d’une beauté insaisissable du Tintoret : Suzanne et les vieillards. Cette exposition à Vienne est d’autant plus actuelle que c’est ici, au Kunshistorisches Museum, que se trouve le tableau du Tintoret.

Depuis environ une décennie, le peintre suisse Jean-Claude Prêtre se consacre à l’exploration du tableau du Tintoret. Son cycle d’images se compose de 121 variations, dont le catalogue Suzanne est la 121e. »

Lóránd Hegyi, directeur du Musée d’art moderne, Palais Liechtenstein, Vienne
extrait de l’Avant-propos du catalogue de l’exposition

 

Tamarilles et alizés, 1996, acrylique sur toile, 146 x 193 cm

 

« Parmi vos œuvres récentes, je me suis longtemps attardé à celle que vous intitulez Tamarilles et alizés. Elle date de l’an passé. La raison de ce temps d’arrêt que mes yeux ont marqué devant elle, tient pour une part à l’étrangeté musicale de son titre. Elle tient surtout à un caractère saisissant de cette image où deux données contraires sont opposées : une grande étendue rouge, sans forme distincte qu’on y perçoive au premier regard et, d’autre part, toute une suite de formes, celles-ci très nettes et strictement alignées dont plusieurs sont identifiées comme des fruits. Le contraste est vif entre ces deux termes. La couleur rouge est un de ces « voiles » ou tissu de couleur qui renvoient à ce que vous dites sur les « fines couches de peinture », sur les « glacis » par quoi vous commencez le travail de la toile. Il faut une grande attention des regards pour découvrir, sur ce fond, quelques repères légèrement marqués : ils sont en forme d’angles droits et on peut y déceler la forme d’une étagère où se trouvent donc alignés les billes et les fruits. Cette sorte d’alignement et cette sorte d’objets font évoquer la structure de bien des natures mortes que réalisaient les peintres dans le passé. L’essentiel ne réside nulle part ailleurs, à ce que je crois, que dans cette opposition que j’ai dite, si forte, si insistante, si captatrice des regards, qui se joue entre un fond peu déterminé et la netteté formelle qui caractérise billes et fruits dans leur apparence colorée.

Mais c’est une véritable logique visuelle qui est ici active, dans cette opposition soulignée entre forme et informe. Je la trouve aussi bien à l’œuvre dans le tableau que vous intitulez Du verger d’Ariane et que vous avez peint, lui aussi, l’an passé. (…) Les fruits de la terre et les formes géométriques des billes, Ariane et Thésée, sont ce qu’on nomme des « thèmes » picturaux : des références à la culture commune, tant picturale que littéraire. Ces thèmes peuvent indifféremment donner corps à ce que je nomme une même obsession « logique », dont la répétition, dans des tableaux à thèmes différents, révèle le caractère déterminant, essentiel.

Mais à poursuivre cette réflexion, voici qu’un de ces thèmes m’arrête : le thème du Labyrinthe se découvre dans vos œuvres sous des aspects variés. Il y subit des métamorphoses et, cependant, il demeure le même : ici et là, je puis l’identifier. Sans doute est-ce que, dans vos peintures, le Labyrinthe n’est pas une figure comme les autres. Peut-être est-il, lui, ce qu’on pourrait nommer une figure matricielle. »

Marc Le Bot, extrait de la lettre du 9 septembre 1997 à JCP, catalogue Ariane, le Labyrinthe de l’exposition à la Collégiale de Saint-Ursanne, 1998


On trouvera sur le site l’œuvre raisonné de la Suite Danaé

La présente page donne un aperçu du contenu de l’ouvrage :
extraits de textes et sélection d’œuvres des différentes Séries

Comme pour les deux premiers volets, l’édition du catalogue Danaé a été soutenue par quelques Institutions, suivie et encouragée par des critiques et des écrivains, notamment par Michel Butor.


I

Feuille verte qui vient de descendre d’une fissure dans le plafond de bronze, tournoyant comme une des feuilles oraculaires du chêne de Dodone, accompagnée d’un rayon de lumière vertical qui vient me découvrir à moi-même, en me frôlant et caressant,

feuille verte de midi, j’ai l’impression que tu me parles avec tes froissements et miroitements, mais je ne puis y croire, et je n’ose t’interroger sur l’énigme de moi-même.

– Qu’importe que je te parle ou pas, pourvu que tu m’entendes.

– Alors pourrais-tu me dire, feuille oraculaire, ou me faire entendre, pourquoi je suis enfermée depuis déjà si longtemps dans cette tour métallique?

De temps en temps une femme vient m’apporter à manger et à boire en ouvrant un guichet qui se referme avec un bruit de gong; elle me regarde avec tendresse et j’ai l’impression que je l’ai toujours connue, que je tirais d’elle ma nourriture autrefois quand je me promenais à l’air libre, et qu’elle me parlait, que d’autres lui parlaient et me parlaient aussi. Pourquoi ne me dit-elle plus un mot?

Parfois un homme l’accompagne qui me rappelle aussi mon enfance, et elle me montre à lui avec des gestes d’imploration, et j’ai l’impression que des larmes naissent dans ses yeux, qu’à certains moments il voudrait parler; pourtant la sévérité revient sur son visage et il fait s’éloigner cette femme avec lui.

– Danaé, c’est ton père, le roi d’Argos, Acrisios, et ta mère, la reine Aganippè.

– A leurs soupirs je crois qu’ils m’aiment, papyrus vert, ou qu’ils m’ont aimée; pourquoi donc cette sévère claustration?

– C’est que ton père désirant un héritier à qui transmettre le trône d’Argos, Danaé, est allé consulter l’oracle de Delphes dont la réponse fut qu’il n’aurait jamais de fils, mais qu’un petit-fils l’assassinerait.

C’est donc pour tenter de déjouer la volonté divine que, ne voulant te perdre, il t’a enfermée si soigneusement, laissant à peine quelques fissures pour laisser passer l’air et parfois quelques rayons de lumière, outre le guichet qui permet à ta mère de venir te nourrir, à lui de te contempler quelquefois.

Michel Butor

Extrait de Jean-Claude Prêtre, La pluie séductrice

 

« Tout l’art de Jean-Claude Prêtre incarne la liberté : liberté de marier les techniques – la peinture, la photographie, le numérique – de jouer avec les espaces de la figuration et ceux de l’abstraction, de puiser dans la tradition, d’explorer l’onirique et l’irrationnel. »

« Liberté de l’artisan au sens médiéval du terme, liberté de celui qui maîtrise tout le processus de la création : de l’intelligence et de l’habileté du « faire » à la juste intégration du hasard. »

Pascale Seydoux

Extraits de l’essai Danaé ou le paradoxe de la libre lumière de l’historienne Pascale Seydoux. L’iconographie sélective du thème Danaé est tirée du mémoire de Licence, Art moderne, session octobre 1998, Université de Genève : « Danaé, une iconographie de 1500 à 1800 ».
L’iconographie originale comprend une approche raisonnée : elle est, à ce jour encore, la première tentative dans l’histoire de l’art de réunir « toutes » les œuvres existantes sur le thème.

 

ICONOGRAPHIE DANAÉ (sélection)

 


 

7 Danaé, 1984 / D’Ariane pour Danaé, 1998-1999 / D’après Danaé, 1999-2000 / Danaé de A à Z(eus), 2000 / Danaé, les Chimères, 2000-2002 / Danaé, la pluie vivante, 2000 – 2002 / Danaé World Suite / 11 septembre 2001, 2001 / Danaé, en haut en bas, 2002 / Danaé, interfaces, 2002-2010 / Danaé, Y33, 2006 / Danaé, grande Suite, 2009-2012 / Danaé, in fine, 2011-2014


7 Danaé, 1984

« Les trames linguistiques de Prêtre utilisent l’arme de la rigueur formelle qui se meut avec désinvolture au milieu d’éléments abstraits et de simples repères figuratifs. Il utilise le fragment comme une occasion de « flottement ». L’artiste est justement celui qui a la force d’extraire et puis de restituer au fragment la dignité d’un ordre formel, qui sait utiliser en même temps le sens proliférant de la nature et aussi le rythme de la machine.

La mémoire ne fonctionne pas en termes de régression culturelle : elle va de l’avant grâce à l’élasticité d’une méthode capable d’assumer des mouvements divers. Celui andante du paysage et celui rythmé de la pure construction. Les deux ensemble concourent à fonder un langage qui a la force de s’abstraire de toute référence concrète du moment que rien n’existe hors de la réalité de l’art. »

Achille Bonito Oliva
extrait de « Atelier de l’histoire », catalogue Jean-Claude Prêtre, Ariane, Danaé, Suzanne, Galerie Marie-Louise Jeanneret – Art moderne, Genève, 1984

 

Petits matérialistes et nomade, 1984, acrylique sur toile, 180 x 155 cm

 

« La peinture de Jean-Claude Prêtre ne demande pas qu’on croie à une résurgence de la mythologie. Elle parle en termes de mythes de l’art même. L’art dont je crois qu’il est mon contemporain, est l’art qui s’interroge sur l’art parce que s’est perdu le sens des anciennes croyances, des mythes et de l’Histoire. »

Marc Le Bot
extrait de « Le visible, par défi « , catalogue Jean-Claude Prêtre, Ariane, Danaé, Suzanne, Galerie Marie-Louise Jeanneret – Art moderne, Genève, 1984

 

Autour de Danaé, 1984, acrylique sur toile, 180 x 455 cm

« Peignant un monde déchiré et éclaté, celui de la Renaissance ou celui du vingtième siècle, estompant le passé par la nouveauté de sa forme, Jean- Claude Prêtre a le courage de chercher un sens à travers la maîtrise de la matérialité de la peinture. Appuyée sur les grands mythes de l’Antiquité qui réveillent de profonds échos cachés au fond de notre inconscient, sa peinture est riche de signification. Mais l’étude des maîtres du passé, qui ont dépeint ces mythes, lui a aussi rappelé que la peinture est avant tout un espace rempli de couleurs qui lui donnent son individualité. La citation ne mène donc pas à l’autoréflexion où bute une grande partie de l’art contemporain. Il ne refuse cependant pas la modernité ni les dédales que découvre la pensée en abyme – ses constantes références au procédé pictural en sont la preuve – mais il cherche ce qu’il y a de plus riche dans l’histoire de l’art. En fait, au lieu de vouloir définir l’art par neutralisations successives, il vise au contraire à la complexité la plus grande possible. La complexité et la croissance ne sont-ils pas les éléments qui caractérisent l’évolution? »

Valentina Anker
extrait de A Canticle for Leibowitz, catalogue Jean-Claude Prêtre, Ariane, Danaé, Suzanne, Galerie Marie-Louise Jeanneret – Art moderne, Genève, 1984



D’Ariane pour Danaé, 1998-1999

Les fruits de la passion 2, 1998, acrylique sur toile, 94 x 114 cm

 

 

Michel Butor, 1998, acrylique sur toile, 94 x 114 cm



D’après Danaé, 1999-2000


7 Danaé subliminales entrevues dans Fortuny de Pere Gimferrer, 1999-2000

 

elle est inscrite dans une sorte d’exèdre aux colonnes espacées…

Pour Jan Gossaert, 1999, acrylique sur toile, 110 x 93 cm

 

 

étendue sur la véranda interdite…

La véranda interdite, 1999, acrylique sur toile, 60 x 250 cm

 

 

diagonale héroïque au milieu d’un incendie…

Pour Jacopo Tintoretto, 1999, acrylique sur toile, 146 x 193 cm

 

 

inondée du moucharabieh de la lune…

Lune et moucharabieh pour Artemisia Gentileschi, 1999-2000, acrylique sur toile, 146 x 193 cm

 

 

inversée dans un beau nuage d’or…

L’objet invisible, 1999-2000, acrylique sur toile, 146 x 193 cm

 

 

comme une enfant d’une constellation prisonnière…

La prison constellée, 2000, acrylique sur toile, 60 x 250 cm

 

 

l’énigme des coffres aux luisances d’armure de cuir et d’airain…

L’énigme des coffres, 1999, acrylique sur toile, 92 x 114 cm

 

il vient du fond des siècles… de la foudre… pour s’arrêter à l’abri des châles… du bois ouvragé des lambris… flot de couleur jaune… nuée d’aiguilles de lumière… tempête confuse de couleurs indistinctes et enflammées…

aucune palpitation dans le luxe étouffant des tentures ornementales… écharpes galonnées de broderies… éclat des tissus… garnitures de grenades… brocarts… satins pourpre sang… taffetas… soies papillonnantes… membranes suaves… gaze de soie grise festonnée de fibules… ornée d’un ramage d’or… inondée de pierreries…

yeux liquides sous une lune blanche naissante… mouchetures de lumière rouge… reflets de madrépore… incandescence florale… palais océanique… iris de flammèches et d’aiguillons imprimés…

quelque chose glisse… quelque chose dans les zigzags des indécisions… des incisions d’or du soir d’été… décalcomanies et noires équivoques à l’entrelacs de l’espace… juste mesure d’ombre sévère… immobile… sans souffle…

il y a là l’intimité familière de la mort… lointains cendrés… nuages languides… translucides… rumeur de l’eau lointaine… silence proche d’eau stagnante… douceur des jardins de pollen… rouge éclatant et vert atavique des fruits… bas blancs… lueurs d’albâtre… clartés de résine… senteurs de roses effeuillées…

elle offre son corps tout de clartés végétales… de sève humide… couchée et alanguie… absente… les yeux clos… la tête abandonnée dans ses cheveux d’or… défaillance dorée sous l’abri… royaume de la lumière… franges rouges et havane aux seuils de dentelle… sexe clair comme une écale d’amande… à l’orée du paradis des lèvres… splendeurs de scarabée… pubis de jais d’or aveuglé d’éclats… doux achèvement des fesses… canal ombreux… obscures profondeurs du foyer des hanches…

au fond du miroir teintes grises de perle ternie… rose nacré… quelque chose glisse… la lune s’embrase de paillettes de safran… irradiation… pluie de poussière d’or…

il vient du fond des siècles… de l’au-delà des mots… de l’hors du filet des mots… de la fente du verbe lucifuge…

elle regarde vers le haut… vers le lieu d’où vient cette forme non visible… grand ciel plein de chaleur et de vent… vertige visuel… aiguilles… elle ferme les yeux… somnolence… entr’ouvre les jambes… arborescence des plis de l’aine… reflets de nacre… lumière de soie grenat et rose d’éclairs carminés… reflets de flacon d’ambre… canal d’or de gaze orientale…

il vient coupant comme une guillotine la ligne de division sous la fourrure… défaille la mer dans les ors… méduse vermeil citrouille très doux de la nuit… tempête cannelle… averse de pollen… champ de blancheurs dans l’instant de la fusion…

JCP


Danaé de A à Z(eus), 2000

Danaé de A à Z(eus), A, 2000

 

Danaé, de A à Z(eus), 2000 – Danaé, les Chimères, 2000-2002

« Je travaille ma peinture autant sur le sol que sur le mur. Au cours du temps, le débordement involontaire des couleurs du support de la toile avait formé sur le sol de l’atelier des surfaces d’ « échos » où s’étaient transférées certaines des qualités que je recherche lors du travail de modélisation. C’est de là, de ces échappées de couleur répandues au hasard que je suis parti pour travailler à ces séries qui ont pour thème Danaé, de A à Z(eus) et Danaé, les Chimères.

Pour la série Danaé, de A à Z(eus), le sol avait été recouvert d’une grande planche de bois de 250 x 250 cm; pour Danaé, les Chimères, d’une bâche plastique de 500 x 500 cm.

Sur ces deux supports, les dépôts aléatoires, les formations de taches et de matière colorées nées du hasard et d’une sorte d’exténuation de la matière picturale n’étaient pas aussi arbitraires que je l’avais pensé d’abord. Bien au contraire, ils laissaient entrevoir un enjeu nouveau. Quelque chose dérivant du domaine intentionnel s’était transporté autrement sans que le fil qui relie les deux activités ne se coupe. Ce qui relevait du savoir-faire avait généré des strates disparates, des nappes bigarrées, des plages indifférenciées de couleur souvent enrichies de paillettes d’or qui évoquaient – de l’activité de la peinture – le « thème » mythologique, les pigments choisis, la gestuelle du travail : tout le « merveilleux » du travail et le plaisir qui l’accompagne.

M’approprier ces « reliques », ces sortes d’« emblèmes » dérivés du travail sur le thème de Danaé – au premier regard privés de références immédiatement repérables – leur restituer une cohérence nouvelle, une « plénitude » sans rien perdre de leur origine accidentelle, me paraissait une juste démarche créative pour faire évoluer mon travail. Et également une juste attitude écologique. J’étais, en effet, satisfait à l’idée de pouvoir récupérer un matériau en principe destiné à être jeté aux ordures, de donner un sens nouveau et spirituel à des « déchets » d’atelier. »

Danaé de A à Z(eus), G, 2000

 

Danaé de A à Z(eus), N, 2000

Mieux encore, pour le peintre que je suis, si attaché à l’idée – qui a fait son temps, dit-on – que la peinture conserve encore de nos jours le pouvoir de représenter la condition humaine, ses mouvements de pensée. J’avais trouvé le moyen en figurant volontairement Danaé de représenter involontairement Zeus, de figurer dans le même geste créatif l’attente et la dépense en reliant deux obsessions : l’obsession de donner un sens à la peinture par une prospection volontaire, par une construction, et l’obsession d’y découvrir un sens lorsqu’elle n’est encore que pure énergie de matière fortuite. Ainsi, d’aller jusqu’au point de résolution de ces deux obsessions où commence une relation de nécessité réciproque et magnétique entre le thème mythologique et l’inconscient de l’invention aléatoire.»

JCP


Danaé, les Chimères, 2000 – 2002

il est grand ciel de chaleur et de vent – elle est clartés de résine parmi les damiers, 2000, acrylique sur papier, 66 x 104 cm

 

 

il est noire équivoque à l’entrelacs de l’espace – elle est est incandescence florale de la tour, 2000, acrylique sur papier, 66 x 104 cm

 

 

il est royaume de la lumière – elle est rumeur d’eau lointaine, 2000, acrylique sur papier, 66 x 104 cm

 

 


 

Danaé World Suite / 11 septembre 2001, 2001 

DANAÉ WORLD SUITE / 11 SEPTEMBRE 2001, emblème de la série

 

DANAÉ WORLD SUITE / 11 SEPTEMBRE 2001 est une série composée d’une Suite de 49 œuvres uniques
4 œuvres sur papier Arches marquées (A / B / C / D)
technique mixte (acrylique et sérigraphie), 4 x (80 x 106 cm)
45 variations digitales tirées sur papier argentique et mises sous verre acrylique(A1-A6 / B1-B13 / C1-C6 / D1-D20),
45 x (70 x 100 cm)

DANAÉ WORLD SUITE / 11 SEPTEMBRE 2001 a été préparée par 49 épreuves d’artiste uniques réunies sous le titre générique Suite EA
49 variations digitales indivisibles tirées sur papier argentique et mises sous verre acrylique
(A-A1-A6 / B-B1-B13 / C-C1-C6 / D-D1-D20), 49 x (70 x 100 cm)

Je sais la proximité de ce travail avec la projection de Mercator (16ème siècle) et de Marin de Tyr (fin du 1er siècle) ; avec le Carré blanc sur fond blanc de Malevitch qui conclut et relance la grande aventure de la peinture (1917) ; avec la passion de la variation telle que Monet l’a figurée dans sa dernière série des Nymphéas où la forme se désintègre jusqu’à la non-figuration (dès 1926) ; avec la représentation du temps qui passe dans l’œuvre de Roman Opalka qui peint blanc sur blanc (dès 2008 jusqu’à son décès en 2011).

DANAÉ WORLD SUITE / 11 septembre 2001, trois variations de D : D1, D15, D20

 

Danaé World Suite/11 septembre 2001, D1

Danaé World Suite/11 septembre 2001, D1

 

Danaé World Suite/11 septembre 2001, D15

 

<i>11 septembre 2001, D20</i>

Danaé World Suite/11 septembre 2001, D20

 

Le quadrillage, le réseau des croix comme autant de points de mire, les petits tableaux dans les grands qui les contiennent, tous ces tracés d’abord permanents, ordonnés, puis intrusifs, désordonnés, catastrophiques se transforment peu à peu – au cours de la métamorphose qui va de A à D – en un dispositif de moins en moins mimétique qui permet de faire évoluer l’image anecdotique de la carte vers la peinture : de transformer l’objet du monde en objet pictural. Les indices de départ relatifs aux coordonnées spatiales de la carte du monde tendent à devenir des trames harmonieuses, des nuances indistinctes et apaisées, des transparences propices à une pensée paisible.

Cette lente métamorphose vers une défiguration progressive de la terre en 49 étapes établit une lisibilité qui tend à un « presque – rien – visible », trace un contour comme « une fin du regard » – en ayant pour objectif de rendre présent un équilibre possible dans le monde par le travail de l’art.

La dernière variation de la Suite – «D20» – est blanche, absente de toute couleur, de toute forme, de tout mouvement : deuil et pureté, paix, déconstruction et renaissance.

JCP


 

Danaé, interfaces, 2002-2010

 

danae-interface-2

Danaé, interfaces 14, 2004


La série Danaé, libre lumière commencée avec les deux autres séries en 1983, reprise dès la fin de la série Ariane en 1998 avec les mêmes techniques et les mêmes supports, a été enrichie à partir de 2002 par la série Danaé, interfaces d’origine informatique.

Il faut souligner que le concept de jonction et d’interface préexiste dans le mythe de Danaé qui unit terre et ciel, charnel et spirituel, sexe et monnaie des temps. Danaé – métaphore de la peinture même – toujours entre géométrie des hasards et hasards de la géométrie.

 

Naxos 6, 2005

 

 

Danaé interfaces 2, 2004

 

 

Si l’ordinateur remplace les instruments traditionnels de la peinture, les méthodes de travail restent les mêmes. Le problème du peintre qui échange un instrument contre un autre est encore : comment renouveler la peinture ?

 

Grand nu gris, 2006

 

 

© Jean-Claude Prêtre. Tous droits de reproduction, sous n’importe quelle forme, strictement réservés.