Jean-Claude Prêtre

Peintre

arches 69

 

ARCHES 69, 1979 -1980

 

ARCHES 69, 1979-1980

Livre unique précédé d’un poème autographe d’Alexandre Voisard. Dimensions du livre : 51 x 73 x 9 cm, dimensions des planches : 38 x 56 cm, relié en maroquin du Cap par Michel Magnin, Genève
Collection Sylvia Michel, Russin, Genève


ARCHES 69, poème autographe d’Alexandre Voisard

 

 

ARCHES 69 contient 69 planches originales mobiles créées entre le 23 novembre 1979 et le 28 février 1980.

Elles ont été réalisées avec des techniques mixtes utilisant l’acide trichloréthylène (solvant des encres grasses d’imprimerie pour le report de l’image), le crayon, le crayon de couleur, le pastel, l’encre de Chine, les encres de couleur, la gouache.

Chaque planche est marquée d’une estampille circulaire rappelant le nom de la Série et la dimension des planches (38 x 56 cm). Chaque planche porte également la date de sa création et la mention PRÊTRE Report Série cachetées avec une numérotation faite à la main de 1 à 69.

ARCHES 69 appartient à la Suite Report Série (c’est le numéro IV de la Série).

ARCHES 69 s’agrandit de 9 planches supplémentaires à part, numérotées de 1 à 9, dont l’estampille circulaire de chacune est barrée d’un X. Les 9 planches sont la propriété spécialement réservée des personnes qui ont été intéressées par la création de ce livre.

 

 

ARCHES 69, 1979-1980, 9 planches supplémentaires

ARCHES 69, planche supplémentaire 2

 

 

Les 69 planches sont traversées par des « thèmes » associés intimement à la Femme : tels la « naissance » et la « guerre ».

Si l’image de la femme « reportée » provient bien de la revue érotique la plus ordinaire des années 80, l’enjeu n’est pas de simple appropriation du Nu féminin dans ce qu’il a de plus convenu… mais de dévier l’incomplétude « pornographique » vers un signe d’art, vers une image allusive, ouverte, plurielle, métonymique… et de lui restituer un peu de la grandeur que le titre du livre suggère…

Arches, grands portails de vie, maîtresses Arches d’alliance… plus prosaïquement : le titre est aussi un renvoi au nom du support du papier utilisé.
JCP

 

 

ARCHES 69, 1979-1980, planches 1 à 23

ARCHES 69, planche 13

 

 

ARCHES 69, 1979-1980, planches 24 à 46

ARCHES 69, planche 24

 

 

ARCHES 69, 1979-1980, planches 47 à 69

ARCHES 69, planche 62

 

 


MUSÉE JURASSIEN DES ARTS, MOUTIER, 2010

 

Alexandre Voisard – Destins de plume – 80 ans, trois expositions
La Part privilégiée des arts
23 octobre au 21 novembre 2010

« Voisinages fertiles » – comme il les qualifie – Alexandre Voisard a toujours cultivé des amitiés avec d’autres auteurs ou des artistes, sources d’échanges fructueux.

La Part privilégiée des arts montre les fruits de ses amitiés avec des créateurs d’art visuel. Avec eux, les « voisinages » du poète jurassien ont été d’autant plus « fertiles » qu’ils ont souvent donné naissance à des portfolios ou des livres, créés en duo. Le Musée jurassien des arts présente des originaux et des éditions conçus sous le signe de ce dialogue.

 

Œuvres exposées de Jean-Claude Prêtre en collaboration avec Alexandre Voisard : ARCHES 69, livre unique dont 7 planches en exposition et Notturno, multiple.
En accompagnement de Notturno, de la même période, deux œuvres sur toile : Les Présents et Naxos.

ARCHES 69, 1979-1980

 

Ces « voisinages fertiles » ont engendré la plupart du temps des livres ou des portfolios édités à plusieurs exemplaires. Mais ils ont également abouti à des oeuvres originales qui sont restées uniques. Parmi ces dernières figurent cinq aquarelles (1976) de l’artiste neuchâtelois André Siron, sur lesquelles figure un poème autographe, ainsi qu’Arches 69 (1979-1980) avec un texte très rythmé et une suite de soixante-neuf reports photographiques retouchés au moyen de diverses techniques par l’artiste d’origine jurassienne Jean-Claude Prêtre.

Valentine Reymond, conservatrice (communiqué de presse)

 

 

Valentine Reymond, conservatrice (vernissage)

 

Œuvres exposées


Arches 69, 1979-1980

Parmi les thèmes sur lesquels j’ai travaillé avant Arches 69 – partie de Report Série – il y eût notamment celui de la Femme séductrice : l’ancienne Vénus de la grande tradition occidentale que j’avais représentée avec le Polaroïd SX70.
J’ai repris ce thème pour Arches 69 avec les instruments les plus classiques (crayon, crayon de couleur, pastel, encres de Chine, gouache) et un regard nouveau. Plutôt que d’utiliser un modèle vivant, j’ai pris la décision de partir de l’image existante de la femme dans les revues de charme. A la fin des années 70, j’ai mis un article dans la presse pour acheter des revues pornographiques…
Je souhaitais me mesurer à l’un des aspects sans doute le plus convenu de notre culture : partir d’une situation vulgaire, anecdotique pour aller vers une représentation consolante, « merveilleuse », métaphorique de la Femme… Il s’agissait techniquement de reporter l’image de la revue sur ma feuille de papier Arches au moyen du trichloréthylène et de la retravailler de telle façon qu’au cours de son processus de transformation la dérive de l’image fasse sens pour moi…

Entre la fin novembre 1979 et le début février 1980, j’ai réalisé 69 œuvres que j’ai souhaité conserver dans l’ordre où je les avais faites au jour le jour. Le concept d’un livre unique qui les réunirait s’est imposé : il fallait éviter la contrainte de les voir reliées. En effet, ces images évoquaient une forme de liberté : la respecter me paraissait essentiel. J’ai donc pensé livre et planches mobiles…
Je me suis ouvert de ce projet à Alexandre Voisard et lui ai soumis quelques planches… Il me dit être intéressé de préparer un texte autographe.
Lorsque j’ai récupéré chez lui la page destinée à être reliée dans le livre Arches 69, j’ai constaté avec grand plaisir qu’il l’avait composée comme moi avec mes propres signes en occupant avec les siens l’entier de la surface de la page. Son poème se lisait de gauche à droite mais aussi de haut en bas trois fois. Trois bandes verticales de signes de taille variable, de pleins et de vides : le noir de l’ensemble ponctué de mots de couleur rose.

Le texte était à voir autant qu’à lire. Et son sens poétique autonome recoupait pourtant le processus analogique et les métamorphoses de la peinture.

JCP (visite commentée au Musée jurassien des Arts, Moutier)


Notturno, 1998, multiple en sérigraphie

Notturno, 1998, polyptyque, 4 x (22 x 30 cm), sérigraphie, 99 exemplaires

Notturno, 1998

 

Notturno, 1998

« Dans les quatre sérigraphies de ce polyptyque, écriture et images sont intimement mêlés. Le poème en prose couleur or apparaît comme une des strates formées par des images assemblées et superposées.
Parmi ces images, une maternité de Georges de la Tour, un des maîtres du clair-obscur pictural au XVIIe siècle. Alexandre Voisard s’inspire de l’univers de ce peintre pour évoquer un monde nocturne et labyrinthique, dans lequel il faut accepter « de se perdre », savoir « ne pas savoir » et rester un messager sans voix.
La délivrance de cette errance se fait à l’aube, grâce au souvenir d’une figure féminine associée au désir et à la maternité. A l’évocation poétique de cette figure, « […] je me souviens d’une soie rouge qui était comme un enfant sur le sein d’une femme », répond, entre autres, un drapé chatoyant conçu par Jean-Claude Prêtre.

J.-C. Prêtre a intégré cette édition dans un important cycle d’oeuvres qu’il a réalisé sur le thème du mythe grec d’Ariane et du labyrinthe. La figure féminine libératrice d’Alexandre Voisard joue ainsi un rôle proche de celui d’Ariane qui, grâce à son fil, permit à Thésée de sortir du labyrinthe après avoir tué le Minotaure. »

VALENTINE REYMOND, conservatrice, visite commentée (extrait), Villa, 1er étage, salle 1

Notturno, 1998

« Cela faisait longtemps qu’Alexandre Voisard et moi avions formé le projet de refaire quelque chose ensemble après le livre unique Arches 69 à la fin des années 70 : mon exposition Ariane, le Labyrinthe à la Collégiale de Saint-Ursanne, en 1998, nous en a donné l’occasion.
Notturno, contrairement à Arches 69, a été un long « face à face » des premiers écrits et des premières esquisses à sa réalisation finale sous la forme d’un polyptyque constitué de deux couples d’œuvres.
Un dialogue entre écriture et image qui tisse un réseau d’analogues en réfléchissant leurs correspondances : poète par l’image, peintre par l’écrit.
L’imaginaire ici, comme toujours chez Alexandre Voisard, n’est pas le refus du réel, mais bien l’une de ses mises en forme par l’invisible écrit, par les « sentiers » écrits de l’âme…
Le titre de son poème m’a commandé une harmonie complémentaire d’or et d’indigo… J’ai désiré que ce texte, si emblématique de son écriture et que j’aime tellement, apparaisse d’or sur fond de nuance bleue violine violacée… comme celle utilisée en nos églises à l’occasion des cérémonies de deuil.
Il y a, en effet, quelque chose de sombre et de fulgurant… un oxymoron… qui met en scène « Mère et Enfant » et le Labyrinthe…

Le Nouveau-né de Georges de La Tour (1645-48) peint dans la tradition caravagesque – de la collection du Musée de Rennes – est le premier bébé « vrai » de l’histoire de la peinture. A ce titre, mon choix de citer cette œuvre dans mon image ne pouvait qu’alimenter chez lui l’idée d’une métaphore « orbitale » traduite dans le tissu même de l’écriture…
« Savoir ne pas savoir », écrit-il : pour moi, une incitation à la confiance en une expression libre de tout objectif trop volontariste.
Ma dernière planche cite dans la périphérie du « placenta » maculé de sang (un drapé chatoyant) trois petites phrases ressenties comme oraculaires : sous la parure d’un nuage… à l’instant juste… l’eau claire de sa parole… »

JCP, extrait du texte de présentation lors de la visite commentée au Musée jurassien des Arts, Moutier

 

Les Présents, 1998, acrylique sur toile, 60 x 250 cm

 

Les Présents, 1998

J’ai voulu compléter la présentation de Notturno par deux oeuvres de J.C. Prêtre qui traitent également du thème d’Ariane.
Ces deux tableaux parlent d’épisodes de la mythologie grecque postérieurs à celui du Labyrinthe. Ariane, amoureuse de Thésée, lui avait demandé de l’emmener à Athènes en contrepartie de son aide pour se sortir du Labyrinthe. Selon certaines versions du mythe, Thésée aurait abandonné en chemin Ariane sur l’île de Naxos. Dionysos, dieu de la vigne, de l’abondance et de l’ivresse, la trouve sur cette île. Il en tombe amoureux et l’épousera.
Sur ce tableau, J.-C. Prêtre représente les cadeaux offerts par Dionysos à Ariane pour la séduire – fruits, légumes, couple de colombes. Il traduit l’opulence de ces présents par un traitement des couleurs en glacis. Des voiles ou des vagues mouvantes créent une ambiance d’ivresse – et à la fois de tristesse. Ariane souffrait en effet encore de l’abandon de Thésée.

Corona Borealis, 1998

Autre épisode de l’histoire d’Ariane et de Dionysos. Quand Ariane meurt, Dionysos reprend la couronne d’or qu’il lui avait offerte pour la consoler et la place parmi les étoiles. Cette couronne donne naissance à la constellation de la Couronne boréale.
Sur le tableau, cette couronne d’étoile apparaît au-dessus d’Ariane morte, tandis que la foison opulente de fruits rappelle la figure de Dionysos.

VALENTINE REYMOND, conservatrice, visite commentée (extrait), Villa 1er étage, salle 1

 

 

 

Corona Borealis, 1998, acrylique sur toile, 60 x 250 cm


 

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