Jean-Claude Prêtre

Peintre

SAHARA, 1973-1974

 

21 décembre 1973 – 11 janvier 1974

ALGER – EL GOLÉA – IN SALAH – TAMANRASSET – HOGGAR – ASSEKREM – AGADEZ – AÏR – TÉNÉRÉ – BILMA – DJANET

Agadez, minaret de la grande Mosquée, chèvre et promeneur, 1974

 

« Agadez est la capitale de l’Aïr.

Au milieu des paysages arides et désolés de l’Aïr, des champs de pierres volcaniques, des étendues chaotiques de roches nues grises et noires, il y a ces anciens lits de rivière, les koris – des cours d’eau dégradés où survit « le lien qui unit la couleur à la vie » – qui recèlent, malgré tout, un émerveillement… un éblouissement… par la présence de minces lignes de verdure éclatante…

 

 

Agadez, bruissante de toutes les vies, présente une architecture soudanaise typique apaisante et lumineuse avec ses maisons en banco de couleur ocre…

 

Entre Tamanrasset et Agadez, 1974

 

Tamanrasset, 1973

 

s’y côtoient…

Touareg, peuple de Berbères nomades souvent appelés par les occidentaux « Hommes bleus » d’après la couleur de leur chèche teinte avec de l’indigo…

Bororo, peuple d’éleveurs nomades et de marchands…

Peul, nomades éleveurs transhumants de vaches zébus et de chevaux…
Leur grand rendez-vous annuel est notoire : le Guerouol (concours de beauté). Après une année de séparation, c’est l’occasion de grandes retrouvailles. La communauté réunie vit au rythme des chants et des pas de danse plusieurs jours et plusieurs nuits d’affilée. Chacun a revêtu ses plus belles parures, turbans multicolores, plumes d’autruche, amulettes protectrices léguées par les ancêtres… Les jeunes femmes défilent devant les hommes en transe pour, d’un simple regard, d’un mouvement à peine perceptible, désigner ceux avec lesquels elles repartiront…
Et la danse continue jusqu’à la désignation du plus bel homme de l’année…

Arabe, Maure,

Toubou, éleveurs de dromadaires, de bovins et de petit bétail dans les massifs montagneux du Tibesti et de l’Ennedi ainsi que dans l’est de la république du Niger,  notamment à Djado et Séguédine…

Haoussa, agriculteurs, artisans, commerçants : l’ethnie la plus importante d’Afrique de l’Ouest, majoritaire au Niger avec près de 28 millions de personnes…

 

Agadez, 1974

 

Agadez, bruissante de toutes les vies…

 

Le Ténéré est un désert implacable, sans repères, en grande partie envahi par le sable aux dunes invisibles (1500 km du nord au sud et 500 km d’est en ouest). Il est bordé à l’ouest par les montagnes de l’Aïr et à l’est par les plateaux du Djado et du Kawar séparés par plus de 1200 km de désert absolu (azimuth 360 degrés) !

La piste des caravanes, à mi-chemin entre Agades et Bilma (700 kms), passe par l’arbre défunt du Ténéré, un acacia. Sa disparition, en 1973, l’année du voyage, fut interprétée par le groupe comme un mauvais présage… Durant plusieurs jours, la tempête de sable empêcha les véhicules de progresser… ce qui alimenta la montée d’une inquiétude, d’une paranoïa latente en chacun…

Au centre de ce fascinant néant, les salines de l’oasis de Fachi en font une escale obligatoire entre Agadez et Bilma. D’Adrar Bous à Chirfa, l’horizon à perte de vue engendre une vertigineuse sensation de solitude.

Philippe-Ténéré site

Ténéré, 1974

 

 

Le Hoggar, traversé par le Tropique du Cancer,  est une étendue de pierre, un désert montagneux de roches volcaniques avec des coulées de basalte aux cristaux d’olivine et des éboulis de porphyre . L’érosion a façonné un paysage « surréaliste »… L’art de Max Ernst, de la période des « décalcomanies », ne semble qu’un pâle reflet devant la forêt « explosive fixe » du paysage saharien…

Les « forêts », « ruines », « tissus », « paysages », « objets » du peintre, saisis par le hasard du geste de la « décalcomanie » et revisités, figurés comme en rêve, dans des œuvres aussi merveilleuses que « L’antipapa », « La Forêt », « La grande Ville », « La Toilette de la mariée », « L’Europe après la pluie », suscitent la nostalgie d’un paradis perdu… instillent une profonde mélancolie… mais… pour celui qui a passé une soirée à l’Assekrem, sur le pas de la porte de l’ermitage du Père Charles de Foucauld, grande ouverte sur cet immense paysage de silence, sur cette cendre vivante aux irisations d’arc-en-ciel, la peinture paraît un recueillement limité, une contemplation condamnée, un espoir interdit… »

JCP

« La vue est plus belle qu’on ne peut le dire ou l’imaginer. Rien ne peut donner une idée de la forêt de pics et d’aiguilles rocheuses qu’on a à ses pieds ; c’est une merveille. On ne peut la voir sans penser à Dieu. »

Père Charles de Foucauld

 

Le plateau de l’Assekrem, à 2780 mètres d’altitude et à 80 km de Tamanrasset à vol d’oiseau, se situe au cœur de l’Atakor où culminent les plus hauts sommets d’Algérie. Dans la lumière crépusculaire, ses massifs cristallins – notamment l’Anhet et l’Immidir, deux joyaux naturels sur la route In Salah via Tamanrasset – et les aiguilles de grès ciselées du massif du Tassili du Hoggar émergeant du sable, sont sans doute les plus beaux paysages du Sahara…

Entre Djado et Djaba, 1974

 

Bilma est une ville oasis, l’une des plus verdoyantes du Ténéré où champs de céréales et jardins s’étendent sous les palmiers, les eucalyptus et les manguiers. La présence de l’eau permet de riches plantations de dattiers : sa grande richesse a été les sources de Tchimro, de Seguidine et Djado et les salines environnantes. Elle a été l’une des principales villes des Toubous et un riche carrefour de caravanes. Du Sud, à travers le Ténéré, la traversée durait 25 jours depuis Agadez.

 

PROTAGONISTES DE L’EXPÉDITION

PHILIPPE, frère du peintre, photographe, Ténéré, 6 janvier 1974

 

 

MIMI-SAHARA

Mimi, Ténéré, 1974

 

 

Mimi-Sahara, Tassili du Hoggar, 1973

 

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